Biographie
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Pierre Delarue-Nouvellière
Artiste, illustrateur, photographe et ferroviphile
 
1889 - 1973
 
 
Courte biographie réalisée en novembre 2003, année
du 30e anniversaire de la disparition de « D.—N. »
 
 

Qui se souvient encore de Pierre Delarue-Nouvellière ? Quelques anciens du modélisme ferroviaire qui connurent la période très animée de l'après deuxième guerre mondiale, et notamment la revue « Modèles Ferroviaires », et quelques ferrovipathes bibliophiles comme moi qui, bien que né après cette époque, collectionne tout ce qui se rapporte à cette période très riche et très créative, superbement ignorée en ce début de 21e siècle par la presse modéliste « officielle ».

Récemment, Daniel Vauvillier, modéliste ferroviaire et collaborateur du site Ptitrain, a scanné quelques dessins de D.—N. tirés de la Vie du Rail. Souhaitons que cette nouvelle présence sur le Web contribue à maintenir Pierre Delarue-Nouvellière dans ce Panthéon secret qu'est la mémoire des hommes... — Frédéric

L'artiste et l'illustrateur :
Pierre Delarue-Nouvellière vit le jour à Enghien-les-Bains en 1889. Comme beaucoup d'entre nous, il fut dès son plus jeune âge attiré par le monde du rail. D'après son autobiographie ferroviaire « Les trains qui passent » il a passé de nombreuses heures au passage à niveau du "refoulons", le célèbre embranchement d'Enghien à Montmorency de la compagnie du Nord. Il développa également son vocabulaire au contact des employés du tramway électrique d'Enghien à Montmorency qui passait devant la maison de ses parents, qui connaissait fréquemment des dérapages de perche : « Je contemplais, bouche bée, les efforts du personnel pour remettre la gorge de cette poulie sous le fil ; cette maudite poulie se mettait toujours en travers ! Mon vocabulaire s'enrichissait à chaque tentative, le personnel ne manquant pas d'évoquer à chaque tentative l'ombre d'un certain général d'Empire. »
 
Nous retrouvons ensuite D.—N. à Montparnasse, dans un atelier d'artiste voisin de la gare de marchandises de Montparnasse. Il étudie dans les écoles de dessin du quartier (peut être une de celles de la rue de la Grande-Chaumière ?). En 1928, il illustre « A rebours » de J.K. Huysmans (41 eaux-fortes). Puis il développe une activité d'illustrateur pour plusieurs publications, dont la « Revue Dunlop », ou la « Revue pittoresque des chemins de fer », publication de l'Association Française des Amis des Chemins de Fer (A.F.A.C). Dans les années 30, D.—N. s'installe en vallée de Chevreuse, dans un pavillon situé 18 rue de la Hucherie à Orsay (Seine et Oise, à l'époque), où il assiste à la fin de la ligne de Chartres par Gallardon, et à l'électrification en 1938 de la ligne de Sceaux (actuel RER B).
 
Après la guerre, il participe à l'aventure de l'éphémère revue « Modèles Ferroviaires », publiée de 1948 à 1953 par des membres de l'A.F.A.C.. Cette publication, largement en avance sur son temps, fit découvrir aux modélistes français les réalisations d'autres pays, notamment le légendaire « Madder Valley Railway » de l'anglais John H. Ahern et les premières photos d'un modéliste Californien nommé... John Allen. Je vous ferai (re)découvrir bientôt cette publication, dont les idées sont de nos jours pillées sans référence (et sans vergogne) par quelques « professionnels de la profession ». A gauche, couverture du n°14, photographie de D.—N. : la gare de Saint-Théorit sur le réseau HO de MM. Ravery, décor de Philippe Valois et Jacques Pingat.
 
D.—N. participera principalement aux prises de vues photographiques, dont celles du réseau HO du comédien Bernard Blier. Il réalisera également de nombreux dessins, dont plusieurs caricatures dépeignant les rapports conjugaux souvent difficiles entre le modéliste ferroviaire et son épouse. (Un thème repris depuis par le canadien Erik Sansom dans son Toy Trunk Railroad).
 
À partir de 1958, D.—N. est invité par le rédacteur en chef de La Vie du Rail, Jean Salin, à illustrer des articles — en commençant par les souvenirs d'enfance de Maurice Maillet. Sur cette période, je vous renvoie à la page de Daniel Vauvillier sur le site de Ptitrain, qui a scanné quelques dessins de D.—N. parus dans la Vie du Rail

Le photographe :
Deuxième aspect de l'œuvre de D.—N. : la photographie. Pédagogue et vulgarisateur à une époque ou la photographie reste une activité complexe et délicate, au résultat souvent incertain, il collabore aux éditions Paul Montel, éditeur bien connu qui forma des générations de photographes et de cinéastes amateurs.
Les Fantaisies photographiques de D.—N. parues en 1948 chez Paul Montel présentent toute la créativité et l'imagination dont était capable le « maître d'Orsay », même si les effets spéciaux proposés sont un peu datés et feront sourire les spécialistes de Photoshop. On notera un chapitre consacré à la photographie des maquettes... de chemin de fer, bien entendu :

Pierre Delarue-Nouvellière est décédé le jeudi 26 avril 1973. Il repose aux côtés de sa femme Lucie (1893-1957) au cimetière parisien de Bagneux, 23e division  une sépulture bien oubliée elle-aussi. (Photo FD novembre 2002).

Pour finir, saluons l'initiative de la mairie d'Orsay (91) qui a donné le nom de Pierre Delarue-Nouvellière à l'une des rues de la localité. Mais combien d'Orséens savent qui était « D.—N. » ?
 


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Page créée le 1er novembre 2003.
Texte copyright ©2003 par Frédéric Delaitre. Photos © F. Delaitre et D.R.